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La rencontre de Cherbourg

A Cherbourg, un homme croise le visage d’une femme, dont il devient immédiatement amoureux. La pluie domine l’image matinale. L’homme raconte le sourire qui lui reste en mémoire, comme une image trouble à travers un filtre d’eau.


Ma bien aimée


Aux temps ancestraux, et aux images éternelles

Les sorciers s'égaraient, les épouses, quant à elles,

Livraient en sciences, et en libéraient la magie

Investiguant secrets et mystères de la vie.


Mais au gré d'un ordre qui leur fut supérieur

Elles perdirent la vue et les nuances de couleurs

Devinrent sombres, et leurs habits jadis de lumière

Furent métamorphosés en guenilles de sorcières.


La Nature clémente leur donna une boule de verre

Elles prirent des fils de cristal, tissèrent, enroulèrent

Et firent de cette boule une Terre à vingt-sept facettes

Si bien qu'elles y voyaient encore comme jour de fête.


Si leur sphère est de verre, la mienne est d'eau et d'air

Petite bulle de savon, seule dans l'atmosphère

Elle reflète vers moi, les images qui lui adviennent

La beauté du monde pour qu'enfin ma vue revienne.


Cette bulle est née un jour de peine, dans le souffle

D'un jeune garçon qui l'a faite s'éloigner du gouffre.

En retour, elle lui transmet les images du jour

Filtrées au tamis des harmonies alentour.


Cette bulle de savon aux vingt-sept images,

Se promène, et se rapproche de quelques visages

Jusqu'au jour où elle quittera les deux hémisphères

Elle aura pour mission de faire mon univers.


J’ai vu votre sourire, dans le ciel endormi

Équipé d'une pellicule d'air pour seul outil

Mais les mots resteront, ce qui suffit au Bien

Et les tristes pluies de Cherbourg n'y feront rien.

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