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A la source

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A la source de mes inspirations, il y eut toutes celles dont on hérite lorsque l'on a la chance inespérée de naitre en France, et particulièrement celle des années 1960, à l'époque où s'entremêlent les plus grands, qu'ils soient dans les manuels scolaires, dans l'espace politique, sur les planches ou sur les plateaux de télévision.

 

Honneur sans limite à Raimu, figure intouchable, qui prit les traits du boulanger meurtri, aux mots tendres et à la sagesse de l'artisan (La femme du boulanger, 1938). Etre imprégné de ce qu'il fut, c'est aussi accepter l'héritage de Bourvil, de Fernandel, et des acteurs qui furent ses disciples. Je fis aussi mes choix de mots et de style en écoutant la voix de Sami Frey, qui savait suspendre les émotions et les secrets (Pour un oui pour un non, 1999), comme surent le faire également Jean-Louis Trintignant, ou encore Michael Lonsdale. J'ai également eu la chance de ceux dont l'attention fut captée par la présence mystérieuse de Paul Meurisse dont le jeu se référait au cinéma poétique, comme celle qui nous revient des acteurs du cinéma muet. Toujours dans le domaine culturel, mon adolescence fut construite par les paroles, par la voix, par l'interprétation de Jacques Brel et d'Edith Piaf, dont les êtres sur scène avaient la vérité de personnages qui ne sont pas confinés derrière des protocoles désuets.

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A la source de mes écrits, il y eut aussi les textes et le style de ceux qui ont représenté la France, à l'échelle politique, jusqu'à mes 20 ou 30 ans. Indépendamment du bien fondé de leur politique et de leurs choix - sur lesquels chacun d'entre nous peut avoir un avis - Il faut écouter et scruter les articulations intellectuelles d'hommes comme Georges Pompidou, François Mitterrand, Valéry Giscard d'Estaing, Edgar Faure, Laurent Fabius, et bien-sûr - honneur au plus grand - Charles de Gaulle, dont les discours et ouvrages pourront indiquer aux générations futures, ce que furent les hommes politiques du XXème siècle. De cette qualité littéraire dans le domaine politique des temps modernes, Claude Malhuret représente certainement le dernier des Mohicans. 

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Le langage par lequel j'ai appris à parler fut aussi, dans des proportions comparables, autant celui d'Alexandre Adler, de Léon Zitrone, d'Alain Finkielkraut, d'André Glucksmann, que de celui de Fernand Raynaud, que celui des artisans des villages français qui savent avoir le regard soucieux des paysans qui veillent aux saisons, ou encore de tous les inconnus dont j'ai oublié les noms, qui firent un passage indispensable au sein de cette France de mon enfance.​

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