Date : 20 Mai 2024
A l'occasion d'une prestation pianistique, il m'a été donné de visiter un village inattendu. Cette bourgade en croissance se situe au centre d'Israël, dans une région reconnue comme propriété d'Israël par tous - sauf par ceux, bien sûr, qui veulent et s'imaginent obtenir un jour la destruction du pays. Cette visite inattendue mérite quelques mots, surtout que les images du lieu sont à l'extrémité contraire à ce que l'actualité diffuse, tant le pays est souvent en situation engageant sa sécurité.
Au bord d'un ensemble de plusieurs centaines de maisons, se tient un parc d'une belle dimension, non loin d'un centre sportif. L'environnement est de type occidental, des rues bien tenues, et des maisons modernes de taille moyenne. Dans ce complexe regroupant le parc, le centre sportif, mais aussi quelques commerces dont on pourrait penser qu'ils sont improvisés. C'est alors qu'un faisant un tour d'horizon rapide, je me vois comme étant quasiment le seul adulte. Et tout point d'observation, que des enfants, des adolescents. Les plus jeunes ont 4 ou 5 ans, les plus âgés ont 17 ans. Je scrute les extrémités du lieu, et je n'y vois aucune barrière de sécurité, pas même celles qui éviteraient que les plus jeunes n'aillent se perdre ou n'aillent s'approcher de la circulation automobile.
Sur l'herbe, les adolescents ont organisé une activité qui consiste, semble-t-il, à construire des radeaux en bois, ou des structures du même ordre. Je continue ma marche, sur ce parterre de verdure entouré de palmiers, et dépourvu de tout détritus. Plus loin, un centre de jeux et un mur dessiné aux couleurs de la nature. Sur les trottoirs bordant le lieu, des enfants marchent se promènent, certains se dirigent vers le point de restauration, tenu par un jeune homme qui a peut-être atteint la majorité civile. Je regarde deux jeunes filles de 6 ou 7 ans, assises à la table d'à-côté, qui rigolent en me voyant, me confiant par leurs rires le statut d'intrus habillé d'un costume de ville, et surtout celui d'un touriste qui redevient un enfant pour un instant. Certains ont commandé une pizza, d'autres, des boissons. Ils disposent certainement une carte prépayée, ou un système de paiement communal, voire de l'ardoise - comme disait Jacques Brel dans sa chanson "Jef".
En somme, une sorte de Club-Med pour enfants, en pleine ville, sans barrière, sans adulte, sans gardien, sauf peut-être le préposé à la livraison des glaces. Bien loin des réalités du pays - celles qui font l'actualité (Gaza est à moins de 100 kms au Sud) - j'ai donc assisté à une autre réalité, qui m'amène à penser, que même si la vie me donnait à visiter ce pays pour mille ans encore, j'y trouverais toutes les ambivalences imprévues.
Mille ans au moins, n'en déplaise à ceux qui s'imaginent briser la paix de ces enfants.
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