Date : 7 Mai 2024
En distance réglementaire vis-à-vis de l'actualité, au sein de laquelle les grands de ce monde décident souvent en méconnaissance de cause, j'atterris ce matin dans ce village du Nord d'Israel, après un vol d'oiseau d'environ 10 kilomètres depuis le lieu de résidence de mon piano. Il s'agit du village de Bat Shlomo, dont le nom signifie "La fille de Salomon". Si l'on en juge à la beauté du lieu - raison pour laquelle je souhaite vous la faire partager - on peut supposer que la fille de Salomon en fut le modèle. Wikipédia nous apprend que le village a été créé en 1889, financé par le baron Rothschild, sur un terrain acheté au village arabe d'Umm al-Tut. En 1922, à l'époque du mandat britannique (car, à cette époque, suite à la guerre 1914-1918, cette terre était sous administration britannique), un recensement indiquait que Bat Shlomo comptait 66 habitants. Un siècle s'est écoulé, le village compte aujourd'hui environ 600 personnes.
Une fois la colline dépassée, nous sommes accueillis par une maisonnette marquée de l'année de fondation, et quelques photos retraçant les premières années, desquelles on peut toucher une certaine atmosphère familiale déjà présente. A la première étape, un tracteur a posé sa caravane sur l'entrée du village, destinée à servir café et jus de fruits, et quelques viennoiseries.
Puis, le chemin nous amène aux fermes et aux maisons, dont l'âge fait qu'elles sont devenues des institutions locales, qui ne manquent pas d'être photographiées par les passants, certaines ont des devantures qui rappellent que ce lieu est consacré aux vignobles. Pour un peu, l'odeur des vieux villages français est à quelques pas.
Lorsque l'on en est aux vins, c'est que le fromage n'est pas loin. Pensant avoir fait le tour de ce petit village, et me dirigeant vers la fin de ma visite, je passe à côté d'une pancarte présentant quelques fromages, au début d'une allée très étroite, si étroite que l'on ne pouvait imaginer qu'elle pouvait déboucher sur autre chose qu'une maison privative, si bien que j'étais sur le point de passer chemin. Mais, un cycliste venant en sens inverse, me suggéra d'y entrer. J'osais donc la visite, en espérant qu'il s'agissait bien d'un lieu destiné à la clientèle.
C'est alors que la ligne de démarcation entre le privé et le publique perd de son sens. Bien heureux celui qui peut identifier la nature de l'endroit. On y voit quelques chaises, mais pas plus qu'une maison individuelle peut en comporter. Une dame vient à ma rencontre, et m'invite à continuer la visite, jusqu'à me conduire vers l'antre historique du village, une pièce de taille modeste, où le dernier descendant des familles ancestrales me propose de goûter tous les fromages de son cru. La pièce est remplie d'objets datant de plus d'un siècle, des couteaux, des ciseaux, des ustensiles de couture, des vieux journaux ... Puis des présentoirs de savons, de confitures, d'olives, ...
C'est alors qu'il me raconta 120 ans de vie, depuis les pionniers jusqu'à aujourd'hui, la dureté des jours par le labeur des cultures, la protection des traditions, et la confiance en l'avenir.
Alors que l'actualité du pays est vouée au tragique et aux négociations sans fin, il semble bien que resteront des lieux comme Bat Shlomo qui définiront celui de la paix dans la plasticité infinie du temps.
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